HISTOIRE DES COLLECTIONS

En 1773, lorsqu’un groupe de notables grenoblois, parmi lesquels figure Henri Gagnon, le grand-père maternel de Stendhal, créent une bibliothèque publique dans l’enceinte de l’ancien collège des Jésuites, un cabinet d’histoire naturelle lui est très rapidement adjoint. En 1775, en effet, une souscription publique est lancée permettant l’ouverture du cabinet dans une aile de la bibliothèque. Les premières collections proviennent de cabinets d’histoire naturelle dauphinois (Antonins, Raby, Pajot de Marcheval, Ducros…). Il faut noter, d’une part la modestie des collections naturalistes alors présentées – il en reste aujourd’hui fort peu de témoins –, d’autre part le dynamisme du milieu savant qui l’entoure, notamment pour ce qui concerne la botanique et la géologie. 

La fonction de « garde du cabinet » est d’abord confondue avec celle de bibliothécaire avant de s’émanciper. De manière plus générale, cette première bibliothèque publique grenobloise cumule les missions de trois grandes institutions culturelles grenobloises d’aujourd’hui (bibliothèques, musée, muséum) avant que celles-ci s’individualisent et se spécialisent.

Concernant le muséum, il se sépare des bibliothèques au milieu du XIXe siècle. Le projet de construction d’un bâtiment qui lui est dédié, au milieu du jardin botanique, dans le site qu’il occupe toujours aujourd’hui, date de 1845. Il ouvre dix ans plus tard.

L’objet du nouveau musée, comme ce sera le cas de l'ensemble des muséums pendant longtemps, est de présenter, de façon encyclopédique et universelle, dans un ordre reflétant les connaissances systématiques de l’époque, l’ensemble des collections disponibles. Il s’agit de permettre au public de comparer entre elles les différentes formes du vivant au sein de séries que l’on veut les plus complètes possibles. L’opportunité ou non d’acquérir est donc fonction des spécimens déjà présents en collection dans l’optique d’être le plus exhaustif possible. 

Cette logique a une limite, la place disponible en exposition, et une conséquence, l’entassement des collections dans le musée.

Dans les années 1980, lorsque la rénovation du musée est décidée, le choix de présentation est complètement revu. La construction de réserves permet de retirer de l’exposition l’immense majorité des collections. Les spécimens présentés le sont en bien moins grand nombre mais sont contextualisés.

Parallèlement à ce mouvement, le statut des collections d’histoire naturelle évolue. Avec les dangers qui pèsent sur la biodiversité et la géodiversité à l’échelle mondiale, de nouveaux enjeux liés à ces collections, à leur conservation et à leur gestion voient le jour.

Leur utilisation dans les études liées à la connaissance des milieux naturels et de leur évolution est aujourd’hui incontournable.