
Un herbier de la mer de Glace
vendredi 19 mai 2023
Un témoin de la végétation des ilôts rochers du célèbre glacier
102 parts d'herbier collectées lors d'une expédition sur les ilôts de la Mer de Glace ont été données au Muséum de Grenoble par le botaniste Cédric Dentant (Parc national des Ecrins).
Cette expédition sur les îlots, émergés au milieu des glaciers, de la mer de Glace est intervenue après celle de Venance Payot, guide, naturaliste, et ancien maire de Chamonix, qui, à la fin du 19e siècle, a effectué des relevés botaniques à ces mêmes emplacements, et collecté des spécimens pour former un herbier qui se trouve actuellement à Turin.
L’intérêt de cette étude et collecte est, dans le contexte de réchauffement climatique et d’évolution rapide du massif du Mont-Blanc, de donner des éléments concrets, et vérifiables grâce à l’herbier, d’évolution de la flore. Brad Carlson, chargé de recherche au CREA Mont-Blanc et guide de montagne, Sébastien Lavergne, biologiste en évolution au LECA, Cédric Dentant, botaniste au Parc national des Ecrins, et Nicolas Bartalucci (guide de montagne et stagiaire M2 LECA/Parc national des Ecrins) ont revisité les sites que Payot avait explorés pour observer la manière dont la diversité floristique avait évolué en 150 ans. Leurs résultats, qui doivent faire l’objet d’une publication, montrent un changement spectaculaire sur les îlots les plus grands et les plus bas.
Plusieurs hypothèses pourraient expliquer ces différences, notamment le plus grand isolement des îlots en altitude, ou encore les différences climatiques : le réchauffement de 2° aux altitudes et le moindre enneigement dans les îlots les plus bas a pu les faire évoluer vers les seuils limites, ce qui rend ces milieux plus accueillants pour de nouvelles espèces végétales. (sources : Centre de recherches sur les Écosystèmes d’Altitude).
Cet herbier est donc un support d’argumentation de l’étude et de nouvelles recherches sur ces milieux, et doit donc bénéficier d’une conservation à long terme. Des analyses ultérieures, et des nouvelles prospections dans plusieurs dizaines d’années, auront certainement besoin de ces éléments.